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Le tapis constitue l’art textile majeur de la culture arménienne. Son origine est inconnue car le premier tapis issu attesté, le tapis de Pazyryk daté des Ve-IVe siècles av. J.-C., est déjà le témoin d’un art fin et raffiné. On doit en conclure que les populations du plateau arménien ont fabriqué de tels textiles de luxe et utilisé comme cadeau diplomatique dès l’époque ourartéenne.

Puis, nous avons un trou documentaire de plus de mille ans que l’on ne peut que très incomplément combler en observant les mosaïques et les pavements.

Puis les sources musulmanes sont de précieux témoignages pour la période entre le VIIIe et le XVe siècles qui nous révèlent ses principales caractéristiques : sa technique, le nœud noué, sa couleur principale, le rouge cochenille (ou vortan karmir), et sa grande finesse. Ainsi le géographe musulmanIbn Hawqal dans son traité De la configuration de la terre, vers 988, affirme que l’ :

«On exporte de Dabil des tissus en poil de chèvre et en laine, tels que tapis, oreillers, coussins, tapis de selle, lacets de pantalon et autres étoffes du même genre, de fabrication arménienne, teintes au kermès. Ces tapisseries ne sont égalées en aucun point de l'univers, d'aucune façon et en aucune technique. »

Pourtant, les musulmans n’ont rien compris et en tout cas rien transmis du symbolisme de l’ornementation des tapis qui est encore une question peu étudiée.

Jusqu’à la destruction des royaumes arméniens médiévaux cet art est exclusivement arménien et encore au milieu du XIIIe siècle Marco Polo note admiratif :

« Les Arméniens fabriquent les plus fins tapis et les plus beaux du monde, et aussi des draps de soie de diverses couleurs, très beaux et très riches, en très grande quantité, et beaucoup d'autres choses. »

Puis avec les migrations des populations des hautes terres arméniens vers la Palestine, l’empire byzantin, les Balkans, l’Europe centrale, l’Égypte, Iran, l’Asie centrale ou l’Inde cet art va être diffusé dans toutes ces régions où il connaitra un développement plus ou moins important dans le cadre de ces nouvelles aires culturelles, souvent jusqu’au début du XXe siècle.

M. Yevadian

(octobre 2019)