Basiliques à nef unique et à galerie
Basilique à nef unique.La forme de la basilique à nef unique était très fréquente dans l’architecture arménienne aux IVe-VIe siècles. Environ cinquante monuments de ce type se sont conservés, comme celles de Tegh (Teł /Տեղ ; IVe siècle), Agarak (Ագարակ ; IVe siècle). Dans la plupart de ces monuments, l’abside est inscrite dans le périptère extérieur rectangulaire du bâtimentcomme à Baghanis (Bałanis / Բաղանիս ; VIe siècle). Cependant, on observe aussi des églises à abside ronde (Parpi / P‘arpi / Փարպի ; Ve siècle) ou polygonale en saillie (Baïbourd / Bayburd / Բայբուրդ ; Ve siècle).
A la fin du IVe siècle, des chambres angulaires font leur apparition de part et d’autre de l’autel dans les églises à une ou trois nefs. Les canons du catholicos Sahak le Grand (Սահակ Պարթեւ, 387-428 puis 429-439) insistant sur la nécessité d’une présence permanente d’un prêtre de paroisse auprès de son l’église même en été en est probablement la raison. Ces chambres servaient sans doute de sacristie. Une autre attestation de leur utilisation, nous est fournie par cet extrait d’homélie attribué au catholicos Yovhannes Mandakouni (Հովհաննես Մանդակունի ; 478-490) mais probablement écrit par Yovhannes Mayragometsi (Hovhannes Mayragomec‘i /Հովհաննես Մայրագոմեցի ; 570-650 env.), vardapet arménien du VIIe siècle qui écrit dans son Commentaire de l’Église katoghiké : « la chambre du [côte] droit du [du bēma] indique [que ce sont là] les dons pour les pauvres, les vases de l’église et des offrandes » et décrit manifestement une réalité observée.
Les basiliques à galerie. Un sous-type isolé des basiliques à nef unique arméniennes des IVe-VIe siècles est constitué par les églises à galerie extérieure. Cette composition, qui avait connu des analogies dans les pays voisins d’Arménie (Syrie et Géorgie), était très fréquente dans l’architecture arménienne.
Les basiliques à nef unique de Garni (Gaṙni / Գառնի; IVe siècle), Etchmiadzine (Ēǰmiacin / Էջմիածին ;IVesiècle), Karnout (Kaṙnut / Կառնուտ ; Ve siècle), Tanahat (T‘anahat / Թանահատ ; 491), ont des galeries au sud, alors que le martyrium l’Iztbousit à Dvin (Դվին ; 553-557) et celui de Tzaghkavank (Całkavank‘ / Ծաղկավանք) à Odzoun (Ojown / Օձուն ; VIe siècle) en ont une au nord.
Les églises Gyoulagarak (Գյուլագարակ) et Vardablour (Վարդաբլուր) toutes les deux du VIe siècle, sont entourées de galeries de trois côtés. Les chambres angulaires, placées d’un seul côté ou de part et d’autre de l’autel, ont vers l’extérieur, du côté de la galerie, de petites absides ouvertes.
Les galeries extérieures à absides sont fréquentes également dans les basiliques à trois nefs (voir Section dédiée). Elles étaient destinées à l’office des jours de la semaine, aux pénitents ou à servir d’espace supplémentaire lors de grandes fêtes. Si l’on considère que les canons de Grégoire l’Illuminateur stipulaient que les pénitents devaient prier hors de l’église, la nécessité de la construction de galeries extérieures dans les églises arméniennes au début du IVe siècle devient évidente. Au VIe siècle, cette nécessité cessa d’exister pour une raison inconnue et dès le VIIe siècle, elles ne s’observent plus dans l’architecture arménienne.
Mourad Hasratian
(2010, révisé en octobre 2019)
Hasratian, 2000 = Hasratian Mourad, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 179-222.
Hasratian, 2010 = Hasratian Mourad, Histoire de l’architecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources d’Arménie, « Art’menia, 2 », 2010, 216 pages, p. 48-49.
A compléter par :
Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).
Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, L’âge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de l’architecture et de la ville », 2008, 336 pages.