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Eglise carré tétraconques à niches diagonales (type d’Avan - Sainte-Hripsimé)

Durant la seconde moitié du VIe siècle, le système à coupole centrale des édifices cultuels a commencé à se développer en Arménie dans une nouvelle direction, les tétraconques à niches d’angles et chambres latérales dans les églises du type d’Avan - Sainte-Hripsimée. Le trait distinctif de cette composition est la présence de niches à trois-quarts de cercle entre les absides, ce qui agrandit sensiblement l’espace intérieur sans supports supplémentaires et crée une coupole beaucoup plus grande.

L’église de Mokhrenis (Moxrenis / Մոխրենիս). Ce schéma à l’état archaïque se rencontre dans le monument le plus ancien de ce type, l’église arménienne de Mokhrenis, centre de la région Sissakan-Vostan de la province historique d’Artsakh (Arc‘ax / Արցախ). Ici, les autres absides comme des arcs sont en forme de fer à cheval bien dessinés. Les niches à trois-quarts de cercle, placées entre elles, à la différence des absides hémisphériques en saillie, sont peu visible à l’extérieur. La seule entrée de l’église se trouve à l’ouest. Les impostes des arcs des absides sont sculptées de la même combinaison de moulures, de denticules et de boucles qu’on observe à la basilique d’Eghvard (Ełvard / Եղվարդ). L’archaïsme de la composition, des constructions architecturales et du décor de l’église de Mokhrenis la font classer parmi les monuments arméniens des Ve-VIe siècles, époque où la région de Sissakan-Vostan devint le centre de la principauté de Siounik (Syownik‘ / Սյունիք ; 571).

La composition de Mokhrenis s’est développée par l’addition de chambres latérales communiquant avec l’espace sous la coupole par des niches. La transformation de ces dernières en espaces autonomes ou en triangles a conduit à une impasse à l’église de Sarakap (Սարակապ) où l’addition de nouvelles chambres triangulaires sans apport à l’édifice.

L’église Sainte-Etchmiadzin de Zoradir (Զորադիր). Une autre église de ce type, Sainte-Etchmiadzin de Zoradir, a deux chambres latérales à l’est. Leur étroitesse souligne le plan cruciforme de l’espace intérieur. Le décor du monument, dont certains éléments sont caractéristiques pour les basiliques anciennes d’Arménie, est remarquable. Les chercheurs datent l’édifice de la seconde moitié du VIe siècle (Paolo Cuneo) ou de la limite des VIe-VIIe siècles (Thommaso Breccia Fratadocchi).

Cathédrale d’Avan (Աւան). Le plus ancien monument daté de ce type est la cathédrale d’Avan, dans la banlieue nord d’Erévan, construit par Jean de Bagaran (Hovhannes de Bagaran / Հովհաննես Բագարանցի) ordonné catholicos chalcédonien de la partie byzantine d’Arménie, en 584, à Karin. Après la construction de la cathédrale d’Avan, en 591, il s’y installa. En 602-603, les troupes perses envahirent l’Arménie, emmenèrent Jean en captivité et supprimèrent le catholicossat d’Avan. La composition de la cathédrale d’Avan (Աւան) est basée sur une croix légèrement allongée sur l’axe est-ouest à absides hémisphériques à l’extrémité des bras et niches disposées en diagonale communiquant avec quatre chambres rondes aux quatre coins du bâtiment. Le périmètre extérieur de la cathédrale est rectangulaire, sans niche triangulaire caractéristique pour les monuments de cette époque. Les chambres latérales étaient couvertes de petites coupoles. La cathédrale d’Avan (Աւան) se distingue parmi les monuments arméniens du haut Moyen-Âge par l’apparition, pour la première fois dans une composition centrale, de chambres angulaires à l’ouest et de l’utilisation de pendentifs pour faciliter le passage du tambour à la coupole centrale.

L’église Tziranavor (Ciranavor) Saint-Signe d’Aramous (Արամուս, Ծիրանավոր Սբ. Նշան). A une distance d’environ dix kilomètres d’Avan (Աւան), dans village d’Aramous, on trouve un édifice analogue, l’église Tziranavor Saint-Signe. La seule différence est dans la forme des chambres angulaires, à Aramous, elles sont rectangulaires. L’existence de l’église d’Aramous, au VIIe siècle, est confirmée par les témoignages de 607 du prêtre de cette même église Djodjik et de l’historien Stépanos Orbélian qui atteste qu’après Karin, le catholicos Jean s’installe d’abord à Aramous. Ainsi, l’église d’Aramous a été construite entre 591 et 607.

L’église Sainte-Hripsimé d’Etchmiadzin (Hṙip‘sime / Էջմիածին, Սբ. Հռիփսիմե). Les principes de la composition de la cathédrale d’Avan ont été pleinement développés dans celle de l’église Sainte-Hripsimé d’Etchmiadzine (618), qui marque l’apogée de ce type et demeure un chef-d’oeuvre de l’architecture arménienne. Le catholicos Komitas (Կոմիտաս) fut l’architecte de Sainte-Hripsimé comme l’atteste l’inscription dédicatoire :

En souvenir du Christ

Komitas catholicos des Arméniens

constructeur [de léglise de] sainte Hripsimé.

Il a amélioré la conception de la cathédrale d’Avan, en réduisant l’épaisseur excessive des murs aux endroits où les absides communiquent avec les pièces angulaires et en ménageant dans ces angles des niches à plan trapézoïdal. Outre son importance technique, la suppression de la maçonnerie superflue des murs a, aussi, un effet artistique des plus réussis.

Autres églises du même type. Au VIIe siècle, le type d’Avan - Sainte-Hripsimé a été repris de nombreuses fois dans l’architecture arménienne. Citons les églises Saint-Georges de Garnahovit (Gaṙnahovit / Գառնահովիտ,Սբ.Գեւորգ), Saint-Jean de Sissian (Սիսիան, Սբ. Հովհաննես, 670-689), Sainte-Mère-de-Dieu de Kolatak (Արծվանիստ, Քոլատակի Սբ. Աստվածածին), les Saints-Traducteurs d’Aïguéchat (Aygešat /Այգեշատ, Թարգմանչաց), Sainte-Mère-de-Dieu d’Artzvaber (Arcvaber / Արծվաբեր, Սբ. Աստվածածին), soit neuf églises au total. Les architectes arméniens ont élevé au VIIe siècle des églises de ce type même hors des frontières du pays, et notamment en Géorgie, notamment Saint-Sion d’Aténi.

Mourad Hasratian

(2010, révisé en octobre 2019)

 

Hasratian, 2000 = Hasratian Mourad, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 300-328.

Hasratian, 2010 = Hasratian Mourad, Histoire de larchitecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources dArménie, « Artmenia, 2 », 2010, 216 pages, p. 62-65.

 

A compléter par :

Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).

Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, L’âge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de l’architecture et de la ville », 2008, 336 pages.

 

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