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Eglises à carré tétraconques (type Mastara)

Les églises du type de Mastara (Մաստարա) sont destinées à recevoir beaucoup de fidèles et sont donc plus grandes que les petites églises cruciformes. La partie centrale sous la coupole est agrandie et ses angles se trouvent en saillie sur les façades entre les absides. La coupole, soutenue par les conques des absides et les trompes, couvre tout l’espace intérieur de l’église.Ce type d’église a été élaboré en Arménie.

L’église de Mastara.Saint-Jean de Mastara est bien conservée dans son état initial qu’on date de la fin du VIe siècle ou du début du VIIe siècle. Elle représente le plus ancien spécimen de ce type. Sur la façade sud, il y a une inscription en grec du roi perse Firouz qui conquit l’Arménie orientale, en 602-603. Le large tambour octogonal de la coupole (diamètre 11,2 mètres) a une forme originale : ses angles sont coupés. À Mastara, le passage de la coupole au tambour est facilité par un système de trois rangées de trompes. L’intérieur de l’église est spacieux. Il se distingue par l’unité et la perfection de sa solution architecturale. Les absides, en fer à cheval à l’intérieur prennent à l’extérieur une forme pentagonales. Le volume monumental, quelque peu tassé de l’église s’anime d’une corniche arquée, d’arcs surmontant les fenêtres et d’arcs sur demi-colonnes ornant les portails. Sur la fenêtre de la conque occidentale, une inscription assimile l’église à la fiancée du Christ : « fiancée coiffée du signe de la croix comme d’une couronne, cette église (Kathoghiké) a pour fiancée le Christ, pour parrain de mariage les apôtres et pour témoins les prophètes. » Il s’agit d’une claire référence à l’évangile selon Jean (III, 29). Des monuments du type de Mastara ont été construits en Arménie au VIIe siècle à Voskepar (Ոսկեպար), Artik (Art‘ik / Արթիկ) et Haritch (Haṙič / Հառիճ).

L’église de la Mère-de-Dieu de Vosképar présente, à l’extérieur, des absides rectangulaires qui se distinguent aussi par une grande profondeur. De même qu’à Mastara, du côté est il y a des chambres angulaires de part et d’autre de l’abside de l’autel, le passage du tambour à la coupole est facilité par des trompes.

L’église Saint-Serge d’Artik est le plus grand édifice de ce type, le côté du carré sous la coupole est de quatorze mètres. Elle a des absides pentagonales à l’extérieur, ornées d’arcs sur demi-colonnes (seule l’abside du nord présente à l’extérieur un contour semi-circulaire probable résultat d’un remaniement ancien). Seule la coupole de l’église n’est pas conservée.

L’église Saint-Grégoire de Haritchavank (Haṙičavank‘ / Հառիճավանք, Սբ. Գրիգոր) présente plusieurs particularités. Elle ne possède pas de chambre latérale, sa coupole est à seize côtes. Mais la particularité principale est la solution, sans analogie dans l’architecture arménienne, du passage du carré de sous la coupole au tambour rond : les pendentifs utilisés, ici, commencent des angles du bâtiment, sensiblement plus bas que les conques des absides.

La principale qualité artistique des quatre monuments du type de Mastara est l’unité et le caractère spacieux de l’intérieur groupé sous une grande coupole. Cet espace s’élève de tous côtés vers la coupole couronnant la composition. Voilà pourquoi les intérieurs de ce type de monuments, malgré leurs dimensions relativement petites, laissent l’impression d’édifices importants et monumentaux.

Mourad Hasratian

(2010, révisé en octobre 2019)

 

Hasratian, 2000 = Hasratian Mourad, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 288-299.

Hasratian, 2010 = Hasratian Mourad, Histoire de larchitecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources dArménie, « Artmenia, 2 », 2010, 216 pages, p. 59-61.

 

A compléter par :

Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).

Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, Lâge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de larchitecture et de la ville », 2008, 336 pages.

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