Églises tétraconques
Parmi les monuments tétraconques d’Arménie, les plus anciens sont les églises de la Mère-de-Dieu (Սբ. Աստվածածին) du monastère de Moro-Dzoro (Morow-Jori / Մորու Ձորի) à Tzrvis (Cṙviz/ Ծովիզ ; construite vers 500, restaurée au VIIe siècle et en 1177) et Sainte-Croix (Սուրբ Խաչ) près de Tortoum en Taïk, construite également à la charnière des Ve-VIe siècles. Dans le plan de ces églises, trois ailes à l’extérieur reprennent la forme intérieure en fer à cheval des absides.
Le baptistère tétraconque Saint-Cyriaque d’Arzni (Արզնի ; début du VIe siècle) présente un grand intérêt par sa composition et sa destination. Il a à l’extérieur la forme d’un octogone posé sur un stylobate carré au profil archaïque.
L’église de Dorbantivank (Դորբանտավանք). La coupole d’une église de ce sous-type, la Mère-de-Dieu (Սբ. Աստվածածին) de Dorbantivank (VIe siècle) est exceptionnelle dans l’architecture arménienne : sa base n’est pas carrée mais rectangulaire avec une coupole intérieure ovale, unique dans l’architecture arménienne. La solution planimétrique de l’église laisse deviner le désir d’unir deux compositions architecturales opposées : basilicale et centrale, ce qui est à l’origine de la forme insolite de la coupole.
L’église de la Mère-de-Dieu (Սբ. Աստվածածին) d’Artik (Art‘ik / Արթիկ ; 500 env.) est l’un des plus anciens monuments à coupole d’Arménie. Ici, les bras latéraux rectangulaires, à la différence de tous les autres monuments analogues, ont des absides à l’est. Il s’agit là sans doute d’un essai de synthèse entre les plans basilicaux et centrés. L’église, de même qu’un certain nombre de basiliques arméniennes anciennes, est entourée de trois côtés d’une galerie aux absides ouvertes.
La plupart des monuments triconques à coupole présentent à l’extérieur un pourtour rectangulaire des bras de croix. Telles sont les églises de la Sainte-Mère-de-Dieu (Սբ. Աստվածածին) de Talin (T‘alin / Թալին). À Pemzachen (Pemzašen / Պեմզաշեն ; VIe siècle), le triconque est inscrit dans le pourtour rectangulaire de tout l’édifice avec addition des chambres angulaires. Les bras (sauf l’oriental) d’une partie des petites églises du type de «croix libre» forment un rectangle à l’intérieur.
L’église Karmravor (Կարմրավոր ; VIIe siècle) d’Achtarak (Aštarak / Աշտարակ) a conservé entièrement avec son toit en tuiles. A l’intérieur elle est ornée de fresques qui datent de sa construction. Cette église constitue l’apogée de ce type, par la qualité de ses proportions et la pureté de ses lignes.
L’église Saint-Etienne de Lmbatavank (Արթիկ, Լմբատավանքի սբ. Ստեփանոս ; fin du VIe siècle) présente des proportions harmonieuses et un élan vertical dans sa solution volumétrique. Le trait distinctif du monument est la forme des couvertures des bras nord et sud. Au lieu des voûtes cylindriques courantes, elles sont couvertes d’une conque posée sur des trompes. Ce qui est unique dans l’architecture arménienne.
Mourad Hasratian
(2010, révisé en octobre 2019)
Hasratian, 2000 = Hasratian Mourad, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 246-287.
Hasratian, 2010 = Hasratian Mourad, Histoire de l’architecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources d’Arménie, « Art’menia, 2 », 2010, 216 pages, p. 56-57.
A compléter par :
Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).
Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, L’âge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de l’architecture et de la ville », 2008, 336 pages.