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Le séjour de prêtres arméniens arrivés à Jérusalem avant la Dédicace du 13 septembre 335, comme l’indique la Lettre aux Arméniens de Macaire Ier, expliquerait-il la présence en arménien de textes hymnodiques que l’hymnographie géorgienne ancienne authentifie comme jérusalémites ? C’est plausible.

Il est nécessaire aussi, comme l’a montré récemment de manière perspicace le Père Michael Findikyan à propos des hymnes des fêtes de la Dédicace de septembre, de lire attentivement les textes hymnographiques arméniens eux-mêmes. Des termes arméniens sont en effet à double sens : croix, résurrection, Sion (խաչ, յարութիւն, Սիոն), peuvent voiler en effet les désignations grecques des Lieux Saints de Jérusalem. L’hymnographie des Églises du Caucase montre donc elle aussi l’importance des relations liturgiques entre la Ville sainte, l’Arménie et la Géorgie. Le bilan connu des textes hymnographiques identiques ne cessera pas sans doute de s’accroître encore.

Pour cela, il faudrait mieux connaître la considérable hymnographie arménienne qui existe en des manuscrits jamais explorés. Trois cents de ceux-ci que nous avons pu examiner en diverses Bibliothèques au cours des dernières décennies, nous ont montré que leur présentation faite dans les catalogues qui les décrivent n’était pas toujours correcte. En effet, on présente uniformément la masse des manuscrits hymnographiques arméniens sous l’unique appellation de (šaraknoc/ շարակնոց῾), comme si leur contenu correspondait à l’hymnaire arménien officiel actuel

Or, la publication à Vałaršapat-Ejmiacin, en 1911, du livre du vardapet Sahak Amatouni, Anciens et Nouveaux Parakanon ou Hymnes Apocryphes (en arménien), réalisée à l’aide de 75 manuscrits de la Bibliothèque du Siège Catholicossal, avait déjà montré que ces šaraknoc῾ contenaient des textes absents de l’hymnaire reçu. Frederick C. Conybeare en a signalé un dans son Catalogue des Manuscrits du British Museum publié en 1913. L’Archbishop Norayr Bogharian (Połarean) en a fait connaître d’autres dont il a édité quelques strophes, soit dans le périodique Sion du Couvent Saint-Jacques de Jérusalem, soit dans l’immense travail de ses onze catalogues des manuscrits de Saint-Jacques, et Ph. Shamshean (S. ČemČemean / Փիլիպպոս ՃամՃեան) a recensé ceux des Pères Mekhitaristes de Venise dans Bazmavep. Il en existe aussi au Maténadaran.

Ces textes parakanon ont une histoire bien connue. La réforme enclenchée par le Catholicos Nersēs III (641-661) au VIIe siècle a mis de côté de nombreux tropaires, et même des canons entiers, que l’on ne trouve plus dans l’Hymnaire arménien actuel. Et parmi ces textes, écartés pour diverses raisons, inutiles à exposer ici, il en existe qui représentent l’hymnographie arménienne ancienne, puisque Nersēs III au VIIe siècle a exclu de l’hymnaire de son époque des strophes qu’il jugeait superflues.

Un travail considérable reste donc à entreprendre dans le champ de l’hymnographie arménienne ; il mettrait au jour des textes hymnographiques antérieurs au VIIe siècle inexistant dans l’Hymnaire arménien officiel.

Père Athanase-Charles Renoux

(octobre 2019)

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