Origine - Période apostolique - Période pré-grégorienne
Barthélemy est l’un des douze disciples de Jésus mentionnés dans les listes des évangiles de Marc (VI, 7) et Luc (X, 1).
Le deuxième chapitre des Actes d’André présente ainsi, selon notre analyse, la version la plus complète de la division du monde entre les apôtres :
« Ils se levèrent et tirèrent au sort pour savoir qui devait aller porter la bonne parole, où, et quel peuple leur serait dévolu. Pierre eut pour lot la zone côtière, Jacques et Jean, la zone orientale, Philippe, les villes de Samarie et l’Asie, Barthélemy, Albanopolis, Matthieu, la Parthie et la ville de Murménide, Thomas, la Grande-Arménie et l’Inde, Lebée et Thaddée, la Béronicide, Simon le Cananéen, la Barbarie ; après qu’ils eurent tous obtenu par le sort un lot, André reçut la Bithynie, la Lacédémonie et l’Achaïe. » (Chap. II, cité et étudié dans Yevadian 2007, p. 142-147)
L’apôtre Thomas reçut le monde parthe, auquel l’Arménie fut intégrée en 66 de notre ère, et l’Asie. Il fut envoyé avec Barthélemy en Orient.
Ces deux apôtres durent se séparer quand ils apprirent que la route centrale était coupée par les Koushans. Thomas partit vers le Sud, pour emprunter la route maritime vers l’Inde, puis la Chine. Barthélemy, quant à lui, dut chercher à contourner l’obstacle présenté par les Koushans en empruntant la route du Nord. Il passa probablement par l’Arménie, où son action évangélisatrice est rapportée par des sources de tout le monde chrétien. Il fut probablement mis à mort à Albanopolis, ville située au sud de la chaîne du Caucase. Or cette place était l’une des dernières étapes à franchir avant de contourner le Caucase par le sud, dans la plaine littorale de la Caspienne. C’est probablement là qu’il fut martyrisé – au moment où il envisageait de s’engager plus avant sur la route des steppes.
Dans les listes d’apôtres et de disciples conservées dans les diverses littératures chrétiennes, Barthélemy est très généralement associé à l’Arménie.
Ce souvenir se retrouve chez les historiens arméniens médiévaux tels que Moïse de Khorène (Ve-VIIIe siècles ?), Thomas Ardzrouni (T‘ovma Arcrouni / Թովմա Արծրունի ; Xe siècle), Stepanos Asoghik (Ստեփանոս Տարոնեցի / Step‘anos Asołik ; fin du Xe et début du XIe siècle) ou Yovhannēs Drasxanakertc‘i (Հովհաննես Դրասխանակերտցի ; 899-929).
Plusieurs écrits apocryphes ont été composés autour de cet apôtre ; ils ont été largement réunis par le Père Chérubin Tchérakian dans son vaste corpus des Écrits apostoliques non canoniques, publié en deux volumes à Venise, en 1896 et 1904. Les textes sur Barthélemy sont dans le second volume et ont été traduits en français par le Père Leloir.
Maxime K. Yevadian
(Janvier 2020)
Ressources
Références bibliographies
Télécharger PDF- Yevadian, 2008 = Yevadian Maxime, Christianisation de l’Arménie, Retour aux sources, II, L’œuvre de saint Grégoire l’Illuminateur, Lyon, Sources d’Arménie, « Armenia Christiana, 2 », 2008, 540 pages.
- Yevadian, 2007 = Yevadian Maxime, Christianisation de l’Arménie, Retour aux sources, I, La genèse de l’Église d’Arménie, Lyon, Sources d’Arménie, « Armenia Christiana, 1 », 2007, 288 pages, p. 19 à 44.
- Apocryphes Arméniens, ed. Č‘rak‘ean, 1904 = Č‘rak‘ean K‘ervpē, Écrits apostoliques non-canoniques, Venise, Éd. Mékhitariste, 1904, en arménien
- Apocryphes Arméniens, tr. Leloir, 1986-1992 = Leloir Louis dom, Écrits apocryphes sur les apôtres, traduction de l’édition arménienne de Venise, Turnhout, Brepols, CC, series Apocryphorum, 3 et 4, 1986-1992, XXX - LX et 825 pages.
- Sundermann, 1981 = Werner Sundermann, Mitteliranische Manichäische Texte Kirchengeschichtlichen Inhalts, Berlin, Akademie-Verlag, (Berliner Turfantexte, 11, Akademie der Wissenschaften der DDR, Zentralinstitut), 1981.
- Ananian, 1978 = P. Boghos Ananian, « Traces de Christianisme en Arménie Antérieures à la Prédication deSt. Grégoire l’Illuminateur », Pazmaveb, 1978, #1-2, p. 8-66, en arménien.
- Kettenhoffen, 2002 = Erich Kettenhoffen, "Die Anfänge des Christentums in Armenien,” HA, 116, 2002, p. 45-104.