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Rotondes ( type Zwartnots)

L’organisation du volume autour de l’axe vertical s’observe plus nettement dans les églises à coupole centrale construites par le catholicos Nersès III (Nersēs III /Ներսես ; 641-662) : Garni (Gaṙni / Գառնի), Zwartnots (Zuart‘noc‘ / Զվարթնոց), Ishran (Išran / Իշրան) et Banak (Բանակ).

L’église Saint-Sion de Garni fut construite en 659 à côté du temple païen de Garni. Le plan de l’église est un tétraconque inscrit dans un polygone se rapprochant du cercle. Les angles entre les absides sont occupées par des chambres dont les deux orientales ont de petites absides, les chambres occidentales ne se sont pas conservées. La composition de cette église est une synthèse de deux idées architecturales, celles de la rotonde et du tétraconque du type d’Avan - Sainte-Hripsimé à quatre pièces latérales.

L’église d’Ichkhan (Išxan / Իշխան) enTaïk(Tayk‘/Տայք), construite par le même catholicos Nersès III dans sa propriété familiale, alors qu’il était encore évêque de Taïk, province historique du nord-ouest de l’Arménie, a eu une grande importance pour l’étude des sources de la composition de Zwartnots. Seule nous est parvenue la colonnade de l’abside est de l’église initiale d’Ichkhan avec ses chapiteaux, dont les motifs ornementaux s’apparentent à ceux des chapiteaux de Zwartnots. L’édifice a été ensuite altérée lors d’un remaniement du Xe siècle

L’église de Banak reprend aussi le type de Zwartnots. La ressemblance des compositions, la coïncidence de l’époque de la construction de ces bâtiments, ainsi que la situation de l’église de Banak en Taïk, où l’auteur des églises d’Ichkhan et de Zwartnots, Nersès, était à la tête de l’évêché permettent de supposer que ce dernier est également l’auteur de l’église de Banak.

L’église de Zwartnots. L’idée architecturale du volume sphérique à absides inscrites s’est incarnée le plus brillamment dans l’église de Zwartnots, construite en 643-652 par le catholicos Nersès III non loin d’Etchmiadzine. Elevé en guise de cathédrale, Zwartnots représente un nouveau type d’édifice cultuel à trois niveaux : deux étages et coupole centrale. D’après la reconstruction de Toros Toramanian (T‘oros T‘oramanean /Թորոս Թորամանեան), Zwartnots était composé de trois cylindres superposés à diamètres décroissants, couronnés d’une coupole à toit conique (les murs de tous les étages sont en réalité polygonaux au contour se rapprochant du cercle). La coupole est soutenue par quatre puissants piliers trapézoïdaux placés dans les angles de jonction des absides du premier niveau.

Derrière les piliers, du côté de la galerie, se trouvaient des colonnes dont les énormes chapiteaux étaient ornés d’aigles. Entre ces colonnes et le milieu des absides semi-circulaires, huit voûtes de deux courbures sont jetées pour former ensemble un cercle monolithe qui porte le deuxième étage. L’audacieuse solution technique de ce magnifique monument est pleinement justifiée car Zwartnots a résisté plus de trois siècles. Cette église est richement décorée à l’extérieur comme à l’intérieur. Son importance pour l’évolution de la pensée architecturale non seulement de l’Arménie mais de toute la Transcaucasie est inestimable. Par analogie, on construisit au VIIe siècle les églises de Banak en Taïk et de Lekhit en Albanie du Caucase.

La solution générale des cinq monuments du type de Zwartnots se distingue par sa nouveauté et une hardiesse technique exceptionnelle, ce qui permet de ranger leur auteur, Nersès lui-même, au nombre des plus remarquables architectes du Moyen-Âge. Ce type également ne se rencontre qu’en Arménie.

Mourad Hasratian

(2010, révisé en octobre 2019)

 

Hasratian, 2000 = Mourad Hasratian, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 334-345.

Hasratian, 2010 = Mourad Hasratian, Histoire de larchitecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources dArménie, « Artmenia, 2 », 2010, 216 pages, p. 67-69.

 

A compléter par :

Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).

Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, Lâge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de larchitecture et de la ville », 2008, 336 pages.

 

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