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La division de l’espace intérieur par des piliers isolés est une particularité importante des basiliques à coupole. Mais cela ne correspondait pas complètement aux désirs des maîtres d’œuvres en Arménie, ils cherchèrent à obtenir un grand espace unifié devant l’autel. Ce programme fut réalisé dans les édifices à coupole centrale et amena les architectes arméniens dès le début du VIe siècle, à une composition entièrement nouvelle et propre au pays : église à coupole sans support intermédiaire, du type « salle à coupole » ne conservant de la basilique que la forme allongée du bâtiment sur l’axe est-ouest. Les piliers furent adossés aux murs et devinrent des piliers engagés, tandis que les nefs latérales se réduisaient à des niches.

Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Zovouni (Zovuni/ Զովունի). Le plus ancien exemple de cette composition est l’église Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Zovouni, transformée de basilique à trois nefs en salle à coupole par le prince Gntouni (Gnt‘uni / Գնթունի), au premier quart du VIe siècle.

Cathédrale de Ptghnavank. Après Zovouni, le monument suivant du même type est la cathédrale de Ptghnavank (Ptłnavank‘ / Պտղնավանք) aux environs d’Erévan. Ici, la composition de la salle à coupole se présente déjà sous sa forme achevée. L’architecte a réussi à obtenir l’équilibre de l’ensemble en plaçant la coupole au centre du bâtiment qui, à Zovouni, se trouvait au centre de la salle. L’abside de l’autel et ses pièces latérales sont inscrites dans le périmètre rectangulaire des murs. La façade est creusée, entre les absides de ces pièces et celle de l’autel, par de profondes niches triangulaires. Le carré central passe au tambour octogonal de la coupole par l’intermédiaire de trompes. Les chapiteaux ioniques des piliers, les arcs de fenêtres agrémentés de médaillons représentants des saints et la frise à cruches sont remarquables. Ces détails archaïques indiquent que la cathédrale a été construiteavant le VIIe siècle. L’étude de l’architecture et du décor permet de la dater de la fin du VIe siècle. La limite supérieure de la datation de l’église est l’an 606, année où l’évêque de Ptghnavank avait participé au concile de Dvin.

Église Saint-Grégoire d’Aroutch (Aruč/ Արուճ, Սբ. Գրիգոր). Le monument le plus connu et le plus grand du type de « salle à coupole » est la cathédrale Saint-Grégoire d’Aroutch, construite par Grégoire Mamikonian (Grigor Mamikonyan/ Գրիգոր Մամիկոնյան), en 661-666, avec les dimensions suivantes : 34,6 x 16,9 mètres. La coupole (actuellement effondrée) au tambour polygonal orné d’une arcature aveugle est posée au centre de la salle. Le passage au tambour, circulaire à l’intérieur, est facilité par des pendentifs. L’abside de l’autel est éclairée par trois fenêtres dont deux sont aménagées dans les niches triangulaires de la façade est. A l’intérieur de la cathédrale, dans l’abside de l’autel, des fresques du VIIe siècle se sont conservées.

L’église de Saint-Thaddée de Ddmachen (Ddmašen / Դդմաշեն, Սբ. Թադեոս). Un autre monument du VIIe siècle de ce type est l’église Saint-Thaddée de Ddmachen est conservé presque sans modifications (seule la coupole a été reconstruite, en 1907).

Malgré leur grande spécificité, les édifices cultuels d’Arménie des IVe-VIIe siècles donnent une notion complète des réalisations de la pensée architecturale du haut Moyen-Âge. Fruits du génie des architectes arméniens, beaucoup de compositions étaient propres à l’architecture arménienne. Ces monuments ont servi de base à l’étape suivante du développement de l’architecture arménienne, la salle à coupole ayant été aux IXe-XIVe siècles le type principal d’édifice cultuel, en Arménie.

Mourad Hasratian

(2010, révisé en octobre 2019)

 

Hasratian, 2000 = Mourad Hasratian, Early Christian Architecture of Armenia, Moscou, Promethey, 2000, 400 pages, en arménien et en anglais, réédition en 2010, p. 362-372.

Hasratian, 2010 = Mourad Hasratian, Histoire de larchitecture arménienne des origines à nos jours, Lyon, Sources dArménie, « Artmenia, 2 », 2010, 216 pages, p. 74-77.

 

A compléter par :

Yevadian, 2006 = Maxime Yevadian, Dentelles de pierre, d’étoffe, de parchemin et de métal, Les arts des chrétiens d’Arménie du Moyen Age, la grammaire ornementale arménienne, Lyon, Sources d’Arménie, 2006, 168 pages (chapitre dédié).

Donabedian, 2008 = Donabédian Patrick, Lâge d’or de l’architecture arménienne, Préface par Jean-Pierre Sodini, Parenthèses, « Librairie de l’architecture et de la ville », 2008, 336 pages.

 

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