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Vie et œuvre de saint Grégoire l’Illuminateur

La période arsacide de l’histoire arménienne (66-428) est marquée par une rupture décisive de l’histoire arménienne : l’adoption du christianisme comme religion d’État (vers 295), un siècle avant l’Empire romain (392). Après l’évangélisation de l’Arménie par les apôtres Barthélemy et peut-être Thaddée, la prédication de saint Grégoire l’Illuminateur amena la conversion du roi Tiridate III et de tout son peuple.

L’historien grec Sozomène rapporte (vers 402) l’événement en ces termes :

«  Ensuite, parmi les peuples voisins [de l’Empire romain], la croyance progressa et s’accrût d’un grand nombre. D’ailleurs, je me suis enquis et j'ai appris qu’antérieurement [au règne de Constantin Ier] les Arméniens professaient le christianisme. On raconte, en effet, que Tiridate était à la tête de son peuple et qu’à la suite d’un prodige divin concernant sa famille, il devint chrétien et ordonna par un édit que tous ses sujets embrassent la même religion. » (Sozomène, Histoire ecclésiastique, II, 8, cité dans Yevadian, 2008, p. 199, avec analyse)

La conversion de Tiridate III et son baptême par Grégoire devaient signifier le début de l’illumination de tout un peuple, le peuple d’Arménie. Le christianisme fut en effet la clé de voûte de l’édifice spirituel, culturel et politique arménien. La religion chrétienne, loin d’être un moyen d’assimilation, fut le plus sûr garant de la survie de ce peuple.

« C’est grâce à l’Église que, tout en devant céder à la force, tout en devant fléchir sous le poids d’une destinée sans pareil, elle pourra au moins sauver de ce naufrage l’essentiel, c’est-à-dire les éléments de sa régénération. »

Cette décision fut particulièrement courageuse de la part de Tiridate III, à une époque où aucun État n’était favorable au christianisme, l’Empire romain était païen et l’Iran était mazdéen). Les conséquences s’en firent immédiatement ressentir : le Roi des rois Narsès II envahit la Grande-Arménie pour la forcer à revenir au paganisme, cette invasion après une première victoire se solda par un échec du fait du soutien des empereurs romains Dioclétien et Galère. Après cette victoire romaine, un traité fut imposé à Narsès, le traité de Nisibe (299), qui imposait un net recul de l’influence sassanide et permit à Tiridate III et Grégoire l’Illuminateur de christianiser la société arménienne. Ce dernier forma des diacres et prêtres et consacra les évêques dont son peuple avait besoin. Avec le soutien royal, il construisit également des dizaines d’églises convenablement dotées pour assurer le rayonnement de la nouvelle foi dans tout le pays.

En 312, et après une période de rude persécution contre les chrétiens de l’empire, l’ « ère des martyrs », l’empereur Maximin Daïa envahit l’Arménie pour la forcer une deuxième fois à revenir au paganisme. Cette invasion fut la preuve d’une christianisation volontaire et déjà profonde. En effet, l’armée arménienne composée de tous les seigneurs du pays repoussa le persécuteur, ce qui signifie que l’essentiel des élites du pays étaient alors chrétiennes.

En 325, Grégoire l’Illuminateur envoya son fils et successeur désigné au concile de Nicée, ce qui signifie que l’Église arménienne intégrait la Grande Église et acceptait les décisions de ce concile auquel Aristakès avait contribué. Probablement aussi, il y eut vers 328-329 une entrevue entre les deux seuls souverains chrétiens de l’époque : l’empereur romain Constantin Ier et l’Arménien Tiridate III. Constantin Ier confirma le rôle de Tiridate III pour l’évangélisation de l’Orient. C’est ainsi que des missionnaires arméniens participèrent à l’évangélisation de la Mésopotamie et du royaume sassanide, comme le relate l’historien grec Sozomène, vers 402 :

« Ensuite, parmi les peuples voisins, la croyance progressa, et s’accrut d’un grand nombre et je pense que les Perses se christianisèrent grâce aux importantes relations qu’ils entretenaient avec les Osroéniens et les Arméniens, comme il est naturel à ceux qui fréquentent les saints hommes de là-bas et firent l’épreuve de leurs vertus. » (Sozomène, Histoire ecclésiastique, II, 8, cité dans Yevadian, 2008, p. 199, avec analyse)

De plus, des missionnaires arméniens allèrent également évangéliser l’Empire romain et plusieurs devinrent même évêques. Ainsi, le premier évêque de Maastricht aux Pays-Bas est l’Arménien Servatius, de même que le premier évangélisateur de l’arc alpin est Grégoire de Tallard, ou san Miniato le saint patron de Florence.

Ainsi, et grâce à l’action de saint Grégoire l’Illuminateur, le christianisme est devenu le fondement de tous les aspects de la société et de la culture arménienne.

 

Maxime Yevadian

(Janvier 2020)

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