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Voyageurs et récits de voyages

Les récits de voyageurs écrits dès l’Antiquité, par des voyageurs réels ou supposés, sur leurs déplacements au Moyen-Orient sont souvent des sources de première main sur l’Arménie et les Arméniens.

Les pèlerins en Terre sainte, comme l’Anonyme de Bordeaux (333 ?) ou Egérie (380 env.), comme tous ceux qui suivirent et relatèrent leurs voyages, nous ont légué de précieuses sources d’information sur la présence arménienne en Terre sainte.

Les voyageurs musulmans (comme Ibn Hawqal ou Ibn Battuta) passant dans le pays soulignent souvent la qualité de ses productions agricoles ou artisanales, tout en mentionnant que sa population est majoritairement chrétienne. Ainsi le voyageur musulman Ibn Hawqal dans son traité De la configuration de la terre, affirme-t-il, vers 988 :

« On exporte de Dabil des tissus en poil de chèvre et en laine, tels que tapis, oreillers, coussins, tapis de selle, lacets de pantalon et autres étoffes du même genre, de fabrication arménienne, teints au kermès. Ces tapisseries ne sont égalées en aucun point de l'univers, d'aucune façon et en aucune technique. »

Les voyageurs latins, plus nombreux, sont des sources essentielles sur l’époque cilicienne (XIe-XVe siècle) ainsi que sur la période qui suivit, époque de chaos (XVe-XVIe siècle). Ainsi Marco Polo (vers 1260) nous renseigne sur la production de tapis arméniens dans le royaume seldjoukide : « Les Arméniens fabriquent les plus fins tapis et les plus beaux du monde, et aussi des draps de soie de diverses couleurs, très beaux et très riches, en très grande quantité, et beaucoup d'autres choses. » (cité dans Yevadian, 2006), ou Guillaume de Rubrouck (1253-1254) sur la présence arménienne à la cour mongole du grand Khan.

Avec l’époque moderne, les voyageurs occidentaux vont être de précieux informateurs sur la vie des communautés arméniennes dans les villes des empires ottoman et safavides, et au-delà, jusque dans l’Inde moghole et jusque dans la Chine des Ming. Parmi les centaines de relations parues, et au-delà des récits classiques de Chardin et de Tournefort, nous pouvons citer le voyageur allemand, Frédéric Hasselquist, dont le texte a été publié à titre posthume par Linné qui estimait que « jamais une relation de voyage aussi admirable n’avait paru », notant :

« Les Turcs ne savent ni tailler les pierres, ni les placer. Les Arméniens sont naturellement leurs architectes ; ils ont naturellement de l’inclination pour cet art ; ce qui, joint aux connaissances qu’ils ont acquises dans leurs voyages, les met à même de construire des édifices tels qu’on peut les attendre d’un peuple qui ne doit ses connaissances qu’à la nature. Si les Arméniens voyageoient en Europe et cultivaient leurs talens, peut-être trouverait-on dans l’Orient des architectes qui égaleraient ceux de l’Antiquité et l’emporteroient sur plusieurs de nos architectes modernes. » (cité dans Yevadian, 2006).

Dans le même ordre d’idée, Roy Arakelian a publié un témoignage de Claude-Charles de Peyssonnel (1727-1790), ancien Consul général de France à Smyrne quant à l’origine arménienne de Sinan confirmant que l’architecte Sinan était un Arménien islamisé :

De plus, il est important de relever le, dans un livre publié en 1785, intitulé Observations critiques sur les mémoires de M. Le Baron de Tott. L’auteur y rapporte l’anecdote suivante :

« Sultan Selim confia à un architecte arménien la construction de ses superbes basiliques, dont l'une est à Constantinople et l'autre à Andrinople ; après qu'elles furent achevées, il lui demanda laquelle des deux était la plus belle. " Seigneur, répondit l'artiste, j'ai mis plus d'argent dans celle d'Andrinople et plus d’art dans celle de la capitale’’ ». (cité dans Arakelian, 2016, p. 52)

 

Les Arméniens ont été aussi d’intrépides voyageurs tout au long de leur histoire. Leurs récits vers le monde occidental sont connus et publiés par Aršak Madoyan, ainsi que ceux du plus célèbre voyageur arménien de l’époque moderne, Siméon de Pologne (Simēōn Lehac'i / Սիմէօն Լեհացի ; 1584-163) qui voyagea en Europe centrale et dans l’Empire ottoman au début du XVIIe siècle). Plusieurs récits de négociants arméniens de Nor Djoulfa sont également conservés. Puis, plusieurs religieux ou laïcs arméniens ont laissé leurs récits de voyages en Eurasie, comme Avetik Karbetsi Dzaghikian (Ավետիք Կարբեցի Ծաղիկյան) Ter-Baghdassar Gasparian, (Տեր-Բաղդասար Գասպարյան Շուշեցի). Leur relation a été éditée, il reste à les traduire en langue moderne et à les étudier.

Enfin, pensons aux récits de voyages, sources précieuses jusqu’au cœur du XXe siècle, dont le récit du Voyage en Arménie du poète russe Ossip Mandelstam, écrit peu avant son arrestation et sa mort dans les geôles staliniennes.

 

Maxime K. Yevadian

(décembre 2019)

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